La vie continue et la pulsion de différenciation poursuit son oeuvre. Irrésistiblement, elle mène l'être à son autonomie. Une fois la différence sexuelle négociée, l'individu comprend peu à peu qu'il y a des avantages à être différent, à posséder une conscience individuelle. Arrive alors la puberté, signal qu'il est temps de sortir du cocon familial. Ce moment constitue une avancée magnifique dans nos vies et une sorte de parenthèse bénie : c'est une des seules périodes qui voient la curiosité instinctive triompher presque spontanément des peurs viscérales inspirées par la perspective d'une nouvelle séparation.
Même si la puberté et l'adolescence sont de nouvelles épreuves pour l'affirmation personnelle, surtout chez ceux et celles qui, par manque ou par excès de confiance en soi, continuent à souffrir de leur différence ou de la différence que les autres présentent, il n'en reste pas moins qu'à l'âge de quatorze ans l'être est prêt à prendre son envol. C'est d'ailleurs à cet âge que, dans les sociétés primitives, on se mariait.
De ce point de vue, l'adolescence coïncide en quelque sorte avec la maturité de l'être puisqu'elle porte l'élan de vie et d'autonomie à son maximum. Cette perspectives ouvre de nouveaux horizons. En effet, nous pouvons constaté que l'adolescent incarne tous les élans invoqués plus haut : il a le goût de s'affirmer individuellement, il a le goût de participer au monde, il veut créer et transformer, et il veut toucher au sublime.Cela ne veut pas dire qu'il est prêt ou qu'il a bien été préparé pour répondre à cet appel pur de la vie en lui. Mais il en a le plein potentiel.
extrait de: victime des autres, bourreau de soi même de Guy Corneau